L'OQLF recommande à juste titre d'utiliser les formes féminines des titres de fonction. La chose est simple quand le féminin existe déjà(infirmière, couturière, avocate, etc.). Quand il n'existe pas, on peut le créer en s'inspirant des règles suivantes :
1– Certains termes peuvent rester communs aux deux sexes. Dans ce cas, c'est l'article qui déterminera le genre. Ainsi, on pourra écrire une architecte, une guide, une journaliste, une juge, une ministre, une peintre, etc.
2– Les mots se terminant en eur peuvent être féminisés tantôt en ajoutant un e à la fin (ingénieure, professeure, réviseure), tantôt en transformant eur en euse (chroniqueuse, chauffeuse, monteuse), tantôt en transformant eur en rice (actrice, animatrice, compositrice,créatrice, directrice, lectrice, réalisatrice, traductrice). Deux formes sont parfois en concurrence (auteure, autrice).
3– On peut ajouter un e à la fin des mots se terminant par é. Ce qui donnera, par exemple, une députée.
4– D'autres créations d'une forme féminine peuvent être acceptées, à condition bien entendu qu'elles respectent la morphologie de la langue française.
• Une banquière, une chirurgienne, une policière.
La féminisation systématique, qui a envahi notamment le jargon syndical et le discours politique, rectitude politique oblige, rend toutefois les textes difficiles à lire. Et parfois même, un peu ridicules.Bref, c'est politiquement correct mais grammaticalement incorrect. Et,avant tout, c'est horrible !
Pour contourner la difficulté, beaucoup d’auteurs font de prudentes mises en garde affirmant que, par souci d’alléger le texte, le masculin inclut le féminin. J’aime bien cette formulation toute simple.
À mon avis, la féminisation systématique devrait se limiter aux textes administratifs. Je veux bien, par exemple, qu’on annonce qu’un poste est ouvert aux infirmières et aux infirmiers ou aux travailleuses sociales et aux travailleurs sociaux. Mais elle n’a pas sa place dans un livre, un journal ou une revue.
Je déconseille fortement le recours aux traits d’union, aux parenthèses ou aux barres obliques pour marquer le féminin. « Ces formes télescopées, peut-on lire dans Le Guide du rédacteur, ne sont pas conformes aux règles grammaticales et nuisent à la clarté de la communication. » On ne peut dire mieux.
Le recours aux deux genres est également d'une lourdeur qui va à l'encontre de l'esprit du français. Il est souvent possible de l’éviter en employant des termes génériques. Au lieu de parler des employées et des employés, par exemple, on parlera du personnel. Ou encore, au lieu de parler des clientes et des clients, on parlera de la clientèle.
Autre astuce : on peut, au début d’un texte ou d’un discours, recourir à des formules comme mes frères et sœurs, chères électrices et chers électeurs, etc. Le rédacteur ou le locuteur indique ainsi, dès le départ,qu’il s’adresse et aux femmes et aux hommes.
Par ailleurs, faut-il céder aux femmes publiques qui refusent la féminisation de leurs titres ? Ainsi, lors de sa nomination en 1997,Mme Lise Thibault avait souhaité qu'on ne n'appelle pas lieutenante-gouverneure, et la plupart des médias s’étaient rendus à son désir.Depuis cependant, bien des mots sont passés sous les presses. La féminisation s’est solidement implantée au Québec, tout en se répandant dans une bonne partie de la francophonie. Il me paraît donc préférable désormais d’adopter une politique de féminisation moins aléatoire.Tenir compte des désirs et caprices de tout un chacun risquerait d’ailleurs de placer les médias dans des situations embarrassantes.
Dans la région de Québec, par exemple, il y a eu, à un certain moment,deux mairesses, l’une qui acceptait ce titre, l’autre qui voulait se faire appeler Madame la maire. Se rendre au désir de l’une et l’autre aurait été confondant. Ce choix timoré aurait engendré des textes où il aurait été question de la mairesse de Sillery et de la maire de Sainte-Foy.