ÉCRITURE 

PETIT GUIDE DE STYLE

 

 

1. L'art de l'intro

 

Il faudrait des heures pour lire La Presse ou Le Monde au complet. Le lecteur moyen y consacre de 15 à 25 minutes. Il ne lira donc pas tous les articles. Si vous voulez être lu, il vous faudra le convaincre. Vous avez quelques secondes pour le faire, le temps d’une attaque. Ce contact initial et bref scelle le sort du texte. Si vous n’avez pas réussi à le retenir en une quarantaine de mots, tout au plus, il sera déjà entrain de lire un autre article. Ou il sera passé à une autre page sur la Toile.

 

Dans une intro, comme dans un titre, chaque mot compte. Encore plus que dans le reste de l’article, il faut se montrer impitoyable à l’égard des adjectifs fleuris, des adverbes superflus, des banalités, des clichés,des conjonctions lourdes, des imprécisions, des mots abstraits ou vagues, des pléonasmes, des termes longs, administratifs, techniques ou spécialisés, des verbes faibles. Chaque mot mal choisi contribue à faire fuir le lecteur pressé.

 

Voici quelques trucs

 

1) Dans l’amorce d’une nouvelle, mettez en évidence ce qui est neuf.Comment ? En répondant aux six questions essentielles. Qui ? Quoi ?Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

2) Dans l’amorce d’un dossier, d’un grand reportage, d’une chronique,d’une critique, d’un éditorial, d’un carnet, d’un commentaire,cherchez l’élément qui a du mordant, qui retiendra l’attention.

 

3) Restez bref. Dans Le style, André Noël fixe la longueur maximale de l’intro à 50 mots, l’idéal se situant entre 30 et 40. Un lead surchargé,écrit-il, « revient à servir un énorme morceau de gâteau en début de475repas ». Ne vous empêtrez donc pas dans les détails secondaires. Allez à l’essentiel.

 

4) Soyez clair. Si l’amorce nécessite une seconde lecture, c’est que vous avez manqué votre coup.

 

5) Prenez la peine de peaufiner vos introductions. Vous n’avez qu’un instant pour retenir le lecteur, mais quelques minutes pour préparer cet instant.

 

2. Faire des phrases courtes

 

Une des façons les plus sûres d'améliorer un article de presse ou un commentaire sur l’internet est de réduire la longueur des phrases.« Au-delà d'une moyenne de 16 à 17 mots par phrase, nous commençons à perdre l'attention des lecteurs, écrit André Noël. La moyenne, dans les journaux québécois, tourne autour de 25 mots. Les monstres de 40 ou même de 50 mots ne sont pas rares. » « L'être humain, ajoute-t-il, a une mémoire à court terme très limitée. Il suffit de peu de choses pour que son attention soit détournée d'un texte. »

 

« On ne lit pas un journal comme on lit Proust, écrit pour sa part Michel Voirol dans son Guide de rédaction. Si un lecteur doit relire chaque phrase pour l'assimiler, son réflexe habituel est d'abandonner. » Gardons à l'esprit qu'il faudrait des heures pour lire au complet un journal comme La Presse.

 

Des journaux bien écrits et sérieux comme Libération, Le Figaro et Le Monde emploient moins de 20 mots par phrase. André Noël signale que Françoise Giroud, « une des grandes journalistes françaises du 20esiècle », se limitait à une moyenne de 13 mots par phrase (c'est également la moyenne de ce texte).

 

Bien sûr, toutes les phrases ne doivent pas avoir le même nombre de mots. Il ne s'agit pas d'écrire avec une calculette. Des phrases longues,mais bien structurées peuvent alterner avec des phrases courtes. Mais la moyenne doit être nettement inférieure à 20 mots. Au-delà de ce chiffre, on flirte dangereusement avec l'illisibilité. Et si en plus les mots sont longs, on ne fait pas que flirter. On succombe.

 

Comment éviter d'en arriver là ? Un des meilleurs moyens est d'éliminer de la phrase tout ce qui n'est pas essentiel. Passez chaque mot en revue. Fournit-il une précision utile ou superflue ? Tel détail a-t-il été mentionné précédemment ? Pourchassez les adjectifs fleuris, les adverbes superflus, les conjonctions lourdes, les mots inutiles, les verbes creux, les clichés, les platitudes, les redites.

 

Il faut se méfier également des phrases qu'on allonge à grands coups de conjonctions de subordination ou de pronoms relatifs. Une phrase qui contient plus d'une proposition relative, en particulier, doit être réécrite. Ici encore, on évitera le simplisme. Un texte ne doit pas comprendre que des propositions indépendantes (sujet, verbe,complément). Les propositions subordonnées ont leur place dans un article bien rédigé, mais elles ne doivent pas être trop nombreuses.

 

Il ne faut pas abuser non plus du point-virgule. Certes, ce signe de ponctuation permet de lier deux phrases étroitement unies par le sens.Mais on devrait le réserver à des phrases relativement courtes.

 

 


3. Les mots à éviter ou à restreindre

 

1) Les adjectifs et adverbes inutiles

        • un récit troublant

        • une infâme prison

        • le triste palmarès du suicide


4. Les tournures à éviter

 

Les tournures suivantes ne sont pas fautives, mais il ne faut pas en abuser. Leur multiplication rend les textes lourds, désincarnés etternes.

 

1) Les conjonctives et les rel ativesGare aux phrases qu'on allonge à grands coups de conjonction de subordination ou de pronoms relatifs.1a) L’employé du ministère lui a dit qu’il avait reçu une directive.1b) L’employé du ministère lui a dit avoir reçu une directive.2a) Leurs transferts ont eu lieu entre janvier 2002 et avril 2006sans qu’ils soient accusés ou qu’ils aient subi un procès.2b) Les transferts ont eu lieu entre janvier 2002 et avril 2006sans que ces gens soient accusés ou jugés.3a) Les médecins ne traitaient que ceux qui ont la citoyennetécanadienne.3b) Les médecins ne traitaient que les citoyens canadiens.Une phrase qui contient plus d'une proposition relative doitgénéralement être réécrite.1a) Pour étayer ses prétentions, le FRAPRU se base sur un avisde la Commission des droits de la personne qui, en 2003, avaitjugé discriminatoires des critères semblables, qui avaient àl’époque été abandonnés.1b) Pour étayer ses prétentions, le FRAPRU se base sur un avisde la Commission des droits de la personne qui, en 2003, avaitjugé discriminatoires des critères semblables. Ces derniersavaient à l’époque été abandonnés.